Suite à l’évènement de gel qui a impacté lourdement la vigne dans le Bordelais ainsi que d'autres cultures et d’autres régions Françaises, nous avons voulu apporter notre éclairage sur les données de prévisions météorologiques et sur les fournisseurs.
Comment est prévue la météo ?
Pour commencer, un retour sur ce qu'est une prévision météorologique.
Les données de prévision météo sont générées par calcul à l’aide de paramètres d’entrée qui décrivent l’état de départ du système (atmosphère, couches limites, topographie, hydrographie, occupation du sol, etc…). Ces paramètres peuvent être issus de mesures ou d'autres sources de données. Ils alimentent un modèle qui permet d’extrapoler dans le temps cet état de départ. Différents opérateurs génèrent des prévisions, et on dispose de nombreuses sources de prévisions différentes.
Est-ce que les prévisions météo avaient prévu le gel ?
Les graphiques ci-dessous comparent les 2 séries de prévisions faites le 5 avril matin (courbe noire) et soir (courbe verte) par 3 fournisseurs anonymisés, comparées aux observations (courbe bleue) faites sur la station météo Météo France de Bordeaux Mérignac.
Les prévisions apparaissant en noir ont donc été générées 48 heures avant l’événement, celles en vert 30 h environ avant l’événement.
(Cap 20/20 utilise jusqu’à 9 fournisseurs différents de prévisions météo, mais seuls 3 sont ici analysés.)
On peut noter que l'on n'observe pas les -5 ou -6 C° constatés dans certaines zones du vignoble mais que la même approche est évidemment possible sur tout point d’intérêt sur lequel on dispose de données d’observations.
On constate que la mise à jour des prévisions le soir du 5 avril chez le fournisseur 1 a minimisé l’événement de gel pourtant prévu le matin du 5 avril.
Les autres fournisseurs ont eu tendance à s’approcher des observations lors de la mise à jour de leurs prévisions, le soir, plus particulièrement le fournisseur 4 qui est celui qui s’approche le plus des données effectivement observées.
Comment choisir un fournisseur ?
Mais comment peut-on savoir à priori si le fournisseur aura la bonne prévision, c’est-à-dire quand on ne dispose pas encore des observations permettant de valider une prévision?
Pour cela, Cap 20/20 s’intéresse à la performance de chaque fournisseur lors des échéances précédentes, à l’aide d’un calcul de score que nous avons mis au point.
Nos études ont montré que le fournisseur de la meilleure prévision pouvait varier dans le temps et dans l’espace mais de façon relativement prévisible, les résultats présentés sont valables pour le point d’intérêt et la période considérés.
Comment pouvait-on anticiper ?
Quel fournisseur consulter au moment de prendre les décisions concernant l’événement de gel à venir afin d'avoir une idée précise de sa gravité ?
Le graphique suivant montre le classement établi pour les fournisseurs, calculé 4 fois par jour entre le 3 et le 6 avril. Les deux derniers points du graphique sont basés respectivement sur les prévisions du 6 avril à midi et du 6 avril à 19 h soit juste avant la nuit.
L’analyse qui suit montre un aperçu des algorithmes de décision utilisés pour la valorisation des prévision multi fournisseur au sein de Cap 20/20 :
On observe une chute brutale de la performance du fournisseur 1 qui pourtant était le meilleur sur les échéances précédentes. En même temps on assiste à l'amélioration progressive et nette du fournisseur 4 sur les trois dernières prévisions.
Si on se positionne à 12 h le 6 avril et que l'on doit apporter sa confiance à un fournisseur on pourra choisir le fournisseur 1, qui est le mieux placé, ou le 4 qui est en progrès net en pariant sur le fait que la tendance se prolongera.
Malheureusement le fournisseur 1 sous performera nettement sur l’échéance qui nous intéresse.
En revanche il était raisonnable d’apporter du crédit à la fois aux prévisions du fournisseur 4 et du fournisseur 2, et s’agissant d’une prévision de gel, de prendre la moins optimiste des deux, celle du fournisseur 4, qui au final s’est révélée la meilleure.
En résumé
Les prévisions météo sont parfois incertaines avec des conséquences sur le pilotage des cultures et l’anticipation d’événements catastrophiques comme cet événement de gel.
Une approche pour limiter cette incertitude est de consulter plusieurs sources prévisions météo, ce que tout agriculteur fait de façon manuelle.
On peut limiter l’incertitude en analysant comme on a présenté ici la performance locale de chacune des sources… voire aller vers une prévision idéale.
Nous travaillons sur ce dernier sujet dans le cadre d’un projet financé par la région Ile de France, en partenariat avec l'ISEP (projet IDEAC 2018-2021) : l'objectif est d’améliorer la prise de décision basée sur des prévisions en appliquant des algorithmes innovants et en utilisant des points d’intérêt dotés de capteurs météo (stations météo connectées ou capteur météo embarqué sur des pièges à ravageurs connectés CapTrap).
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